Un oasis de possibles

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Les quêtes nous permettent rarement de trouver ce que nous cherchions. Elles nous entraînent sournoisement vers une vérité bien plus grande et insoupçonnée. Il en va ainsi de celle de Myriam: «Myriam B.Gers avait perdu sa vie, et la cherchait au mauvais endroit». Observatrice et songeuse devant cet hypnotisant tableau, c'est en l'habitant que Myriam prend conscience de l'immensité du vide: «Le désert est toujours beaucoup plus grand qu'on ne le croit…»

Malgré la réussite de sa galerie d’art et l’attention que lui portent Alba et Yacek, la jeune femme éprouve l’envie profonde de changer de peau. Cette peau, qu’elle a toujours tenue loin de celles des autres, par peur de faire partie d’eux, ou qu’eux ne fassent partie d’elle. Elle pourrait continuer à errer en marge des autres, «partiellement absente d’elle-même. Inachevée et somnambule», mais non! Elle est lasse de vivre sans exister.

Puisque «les déserts sont l’endroit ou le songe arrive sans obstacles, et pave la voie au grand rêve», Myriam entame la métamorphose espérée en Tunisie. Rêve ou mirage? Dans les bras d’Aton, l’amant du soleil, elle troque son désert de neige et de glace, pour un horizon de sable chaud au «fond couleur d’or», laissant place au feu brûlant du désir et de la chair. Pour la toute première fois, Myriam réalise qu’«elle n’a jamais encore trouvé qui étaient les autres. Elle en était trop loin».

Le désert change Myriam au-delà de toutes espérances: «Aucun être humain ne connaît vraiment tout ce qui l’a constitué et le compose», avant d’être dans l’obligation de visiter en profondeur ses coins d’ombre pour en faire jaillir la lumière. Cette quête du bonheur, éclairée par le mysticisme et la pureté du désert et, teintée de l’unique touche poétique d’Andrée Laurier, nous rappelle que «le temps nous habite et l’espace s’ouvre plus facilement qu’on le croit» à un oasis de possibles.

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