Nos plumes aguerries: Littérature québécoise

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Outre la richesse de la rentrée littéraire 2013 en termes de premiers romans, il faut saluer celle des auteurs confirmés qui est d’un aussi fort calibre que la première. De grands noms, des prémisses intéressantes et originales : voilà un aperçu de ce qui s’en vient!

Ils sont dans le vent

Chez Lévesque éditeur, on frappe fort, avec deux romans qui attirent immédiatement l’attention : celui du poète reconnu Louis-Philippe Hébert (La Cadillac du docteur Watson) et celui de l’écrivaine qui manie les mots comme personne, Hélène Rioux (L’amour des hommes). Du côté du Quartanier, ce sont également deux grands noms dont on attend le retour, soit Alain Farah (Pourquoi Bologne) et Éric Plamondon avec la dernière partie de son triptyque entamé (Hongrie-Hollywood Express)qui s’intitule cette fois Pomme S. Et chez Marchand de feuilles, les amateurs de Maxime-Olivier Moutier seront servis avec Scellé plombéet ceux de William S. Messier le seront avec Dixie. Chez Alto, trois auteurs confirmés refont surface. Tout d’abord, Richard Dallaire nous entraîne dans un univers qui se situe entre celui de Vian et de Ducharme (Les peaux cassées). Puis, c’est au tour de Catherine Leroux de nous épater avec Le mur mitoyen. Deux frères, au Moyen-Orient, doivent choisir lequel d’entre eux portera la ceinture de bombes : voilà le prélude de L’orangeraie, de Larry Tremblay. Avec Nous (Leméac), Nicolas Gilbert sonde quant à lui ce qui nous unit.

Aux éditions Druide, on attend impatiemment Pour une dernière fois, je m’abaisserai dans tes recoins, de Patrick Drolet qui taquine la thématique de la mémoire. Du côté de Boréal, trois noms incontournables de l’automne : Emmanuel Kattan (Le portrait de la reine), Rachel Leclerc (Dans la nuit du fleuve) et Edem Awumey (Explication de la nuit). Par ailleurs, Québec Amérique saura se faire remarquer grâce à Prague sans toi, de Jean Lemieux. Dans un univers entre absurdité et inventivité, Pascal Millet propose quant à lui C’est dans la poche! (Hurtubise), une histoire de vérificateur de fabriques de trous (!) et de pardessus en poils de chameau magique (!). Puis, les audacieux thèmes des pulsions créatrices, du sadomasochisme et de la poésie sont mis de l’avant dans Le récital des décadents, du jeune David Hébert aux éditions Sémaphore. Chez Michel Brûlé, on retient Le Masque de Jouvence, d’Hubert Mansion, qui présente l’histoire d’un chirurgien de 50 ans qui se fait créer un masque pour en avoir l’air de 30…

 

Raconte-moi l’histoire

Hurtubise conserve quant à elle sa réputation d’éditeur de romans historiques de qualité avec la parution des premiers tomes de nouvelles séries : dans « Les Gardiens de la lumière », Michel Langlois nous entraîne en 1893 sur l’île d’Anticosti, peuplée d’à peine 400 habitants; alors que l’historien Jean-Pierre Charland publie « Les années de plomb », suite du cycle des Picard qui se déroule après la catastrophe économique de 1929. Toujours du côté du roman historique, soulignons la parution de La dernière nuit de Cincinnatus Leconte (Mémoire d’encrier), du journaliste Michel Soukar qui nous entraîne en 1912, lors de la disparition du président. Chez XYZ, la plume adroite d’André Vanasse se met au profit d’un roman historique dans La flûte de Rafi, une remise en question de l’histoire qui aborde l’immigration de plusieurs Juifs en Nouvelle-France. Enquête dans la réserve (Pleine Lune), de David Adams Richards, nous entraîne dans le temps et l’espace, soit entre 1985 et 2006 et dans une réserve micmaque du Nouveau-Brunswick.

 

Du féminin dans l’air

La grande Élise Turcotte propose à La Mèche Autobiographie de l’esprit, tandis que la jeune Émilie Legris offre un récit que l’éditeur qualifie de coup de poing avec Je l’ai écrit parce que j’avais besoin de vivre(David). La Maîtresse (Septentrion), de Lynda Dion, dissèque pour sa part la vie d’une mère, enseignante et amante. Dans L’œil de la nuit (XYZ), Danielle Trussart ouvre quant à elle la porte sur la vie de trois colocataires, différentes et toutes colorées à leur façon. Un récit du deuil qui parle également amoureusement de la littérature se retrouve dans Bruits et gestes perdus (L’instant même), de Réjane Bougé. Chez Leméac, Aki Shimazaki, (Yamabuki), explore le bilan de la vie d’une vieille femme qui raconte son passé alors qu’Audrée Wilhelmy dérange avec sa plume habile et cette histoire d’ogres vers qui les femmes vont de leur plein gré (Les sangs)… Jeanne chez les autres, écrit par Marie Laroque, nous transporte dans les années 70 et 80 du Plateau-Mont-Royal, alors que tous rêvent d’une vie meilleure…

 

Parce qu’il n’y a pas que le roman en littérature québécoise…

Côté cour, on retrouve les nouvellistes, que voici, en rafale : Gisèle Villeneuve (Outsiders, Lévesque éditeur); Morgan Le Thiec (Je n’ai jamais parlé de toi, ici, La Pleine Lune); Martine Latulippe (Les faits divers n’existent pas, Druide) et la grande Esther Croft (L’ombre d’un doute, Lévesque éditeur).

Et du côté jardin, on croise les « inclassables ». Nommons d’abord Les chroniques de Madame Unetelle, de Danielle Verville chez Québec Amérique. Il s’agit d’une centaine de billets, d’abord publiés sur le blogue de cette auteure cocasse qui parle intelligemment de la vie de famille d’aujourd’hui. Avec Harcèlement textuel (Hurtubise), l’humoriste Daniel Lemire offre ses textes favoris sur l’actualité et le quotidien. 47 — atelier des saveurs,chez La Peuplade, propose des fiches de dégustation (attention, ce ne sont pas des recettes!) dans une prose exemplaire, qui se veulent des textes impressionnistes inspirés par le thé, les épices, etc. Ceux qui ont adoré Artéfact seront heureux de savoir que Carl Leblanc récidive avec Fruits, une série de courts récits sur des anecdotes, des hasards improbables qui lui sont réellement arrivés. De quoi nous faire croire au destin! Chez Québec Amérique, Jean-François Beauchemin offre Quelques pas dans l’éternité, un ovni littéraire comprenant réflexions, chansons, extraits de roman à paraîtres, citations et même des illustrations de l’auteur! Éric Simard, auteur et directeur littéraire, publie son journal, sous le titre Le mouvement naturel des choses (Septentrion). Puis, sous la direction de Marie Hélène Poitras, on retrouve Haïti, bonjour voisine! (Mémoire d’encrier) qui permet à la voix d’écrivains québécois et haïtiens de continuer leur dialogue, sous forme de fictions, témoignages, chroniques et même poésie. Et, finalement, chez VLB éditeur, on retient Miroirs, un collectif écrit par sept auteures dont India Desjardins, Jennifer Tremblay, Caroline Allard et Claudia Larochelle. C’est dans les toilettes d’un restaurant que sept femmes se croisent et se racontent…

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