Lucie Bergeron: Fabulatrice pour enfants

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Le monde de la littérature jeunesse s’est vu, dans les dernières années, propulsé dans les médias comme jamais auparavant. Avec «Harry Potter», J. K. Rowling a mis sur la voie de la lecture de nombreux adolescentes et adolescents. Anne Robillard, la femme derrière la série «Les Chevaliers d’Émeraude», ainsi que Bryan Perro, auteur d’«Amos Daragon», ont aussi beaucoup fait parler d’eux et contribué à faire aimer la lecture. Mais il y a les auteurs dont on parle peu à la télévision, qui ne bénéficient pas du même battage publicitaire et qui, pourtant, sont chéris des libraires et des lecteurs. Parmi eux se trouvent des écrivains hauts en couleur, de grand talent et qui marquent aussi la littérature jeunesse. Lucie Bergeron, l’une des plus grandes et des plus importantes écrivaines pour la jeunesse au Québec, fait partie du lot.

Avec une trentaine de romans publiés entre autres aux éditions Québec Amérique et Dominique et compagnie, Lucie Bergeron a déjà conquis le cœur de nombreux enfants. D’abord avec la série «Solo», où l’on suit une petite chatte dans ses aventures en compagnie de ses amis: Virgile Luron le Marmotton, la planante Vol-au-vent et le vieux matou L’Oreille-Pliée. Cette charmante série, illustrée en noir et blanc, s’adresse aux lecteurs débutants. On sent chez Lucie Bergeron le désir de donner le goût de lire. Elle a un don unique pour la musicalité. Chez elle, l’amour des mots et des belles histoires produit, comme il se doit — mais ce n’est pas le cas chez tous les auteurs —, des petits chefs-d’œuvre, même pour les tout-petits. La série «Abel et Léo», aussi publiée chez Québec Amérique, s’adresse quant à elle aux enfants de 8 ans et plus. On y retrouve l’humour et l’originalité de l’auteure dans cette histoire qui met en vedette Abel et son grand-père Léo, un papi unique en son genre, une vraie tornade. Ces livres font voyager et donnent le goût de l’aventure avec une touche de tendresse qui unit les deux personnages principaux.

À mettre aussi dans les mains des enfants, réédités chez Dominique et compagnie: Le secret de Sylvio, Le tournoi des petits rois et Le magasin à surprises. Tous publiés dans la collection «Roman lime», conçue pour les enfants de 7 ans et plus. À chaque fois, de belles illustrations en couleurs viennent compléter le tout. Je crois, toutefois, que Lucie Bergeron atteint les sommets de l’art littéraire pour la jeunesse avec sa dernière série, «Dagmaëlle». Il m’est très peu souvent arrivé de lire des histoires fantastiques aussi poétiques et de cette qualité d’écriture. De plus, pour une fois, l’héroïne n’a pas pour mission de sauver le monde. L’auteure, dans ces œuvres d’une qualité supérieure à celle à laquelle nous étions déjà habitués, trouve un sujet plus touchant: l’amour filial. Dagmaëlle part à la recherche de son petit frère Tomas. Elle est certaine que même s’il est tombé à la mer, il est toujours vivant. Lorsqu’elle va chercher de l’eau au puits, elle fait la rencontre de Capitaine, le loup gris mystérieux qui toujours veillera sur elle, et du sempiternel verbomoteur et si drôle Maître Jules, le lièvre le plus peureux qui soit.

L’un des grands talents de Lucie Bergeron est d’arriver à nous faire passer par des moments des plus
émouvants avant de nous faire éclater d’un rire incontrôlable. Elle tient la main de ses lecteurs et lectrices sans jamais les lâcher. Tout au long de la lecture, on découvre des personnages éblouissants: Citrille, l’alouette porteuse de sagesse, l’affreux monstre Grock, les fées Wisbiches et les dangereux Chiribiris, Pétra et tous les autres forment un univers où le courage, la ténacité, l’amour et l’amitié font de grandes choses. Grâce à des dialogues d’un humour incroyable, des rebondissements inattendus et
l’originalité de son histoire, cette trilogie est un succès assuré auprès des enfants de 9 ans et plus. Une histoire qui fait penser à Alice au pays des merveilles, mais qui touche plus profondément le cœur. À faire rougir Lewis Carroll!

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