Le livre mis en scène!

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Quel ravissement de voir que la production estivale nous offre une quantité remarquable d'albums jeunesse où l'objet livre se trouve mis en scène de manière tout à fait surprenante! Voilà une belle occasion de faire découvrir aux jeunes lecteurs à quel point cet objet est unique et fascinant! De plus, cela permet à l'enfant qui ne lit pas habituellement de s'approprier le livre, d'en observer toutes les facettes et, finalement, de le démystifier.

Commençons l’aventure avec Surtout, n’ouvrez pas ce livre! (Michaela Muntean, ill. par Pascal Lemaître, Milan Jeunesse, 36 p., 18,95$), ouvrage au titre provocateur qui permet au lecteur de braver d’emblée – avec un bonheur certain! – une interdiction. Mais attention. Dès la première page, un porcelet plutôt grognon nous accueille avec aplomb : «Non mais, pour qui tu te prends? Depuis quand on ouvre un livre quand il est clairement marqué sur la couverture SURTOUT, N’OUVREZ PAS CE LIVRE!?» Cette adresse au lecteur persiste tout au long de la lecture; tourner chacune des pages nous est défendu. C’est que le curieux auteur n’a pas terminé l’écriture de son livre. En fait, on s’aperçoit rapidement que notre action de lecteur agit directement sur l’histoire. Pour freiner notre course, l’étrange personnage va même jusqu’à mettre un mot extrêmement lourd – ROC – sur la page afin que nous soyons incapables de la tourner. Quelle idée! Après avoir joué avec les mots de dizaines de façons, ce livre propose un dénouement savoureux, puisque le lecteur a aidé l’auteur à la queue en tire-bouchon à surmonter le syndrome de la page blanche pour créer une histoire rocambolesque à souhait.

Poursuivons notre itinéraire avec Le Livre de Charlie (Julia Donaldson, ill. par Axel Scheffler, Autrement Jeunesse, 28 p., 24,95$), un second album qui propose une initiation à l’art du récit. Le récit s’ouvre avec un petit garçon prénommé Charlie, qui ouvre son livre préféré. À la page suivante, la magie s’opère, le lecteur pénètre dans le livre lu par l’enfant : Contre vents et marées. Récit d’un vieux loup de mer. Nous y découvrons un capitaine qui ouvre un coffre contenant un livre. Vous l’aurez deviné : en tournant la page, nous plongeons dans le récit de ce nouveau livre et ainsi de suite jusqu’à la fin. Le lecteur aura donc l’opportunité de lire, entre autres, un conte traditionnel, une encyclopédie et même un magazine! La finale est savoureuse, puisque le livre lu par le dernier personnage raconte l’histoire d’un petit garçon nommé Charlie! Cet ouvrage fort bien construit propose également un jeu d’observation dans les illustrations. Dans la pièce où lit Charlie, des détails du décor représentent les personnages que nous découvrirons au fil de la lecture. Par ailleurs, dans la dernière illustration, en apparence semblable à la première, ils sont remplacés par les personnages réels. Portez également une attention particulière aux pages de garde, qui montrent une tablette remplie de livres, soit tous les livres présentés dans l’album.

Pour clore le voyage en beauté, les éditions Rue du monde ont publié deux titres dans la collection «L’atelier de l’imagination» qui permettent au lecteur de créer mille et un récits. Avec La Petite Bibliothèque imaginaire (Alain Serres, ill. par vingt illustrateurs, 46 p., 21,95$), nous découvrons une vingtaine de couvertures de livres, chacune accompagnée par un résumé et de courtes critiques. Tous ces
éléments nous permettent d’imaginer l’histoire que nous désirons car, rappelons-le, aucun de ces livres n’existe réellement! Il était une fois… Il était une fin (Alain Serres, ill. par Daniel Maja, 40 p., 21,95$) propose, quant à lui, des images qui aident le lecteur à créer ses propres récits. Avec la page de gauche («Il était une fois…»), nous démarrons l’histoire, tandis qu’avec celle de droite («Il était une fin»), nous pouvons la terminer.

Voici des livres qui montreront aux jeunes lecteurs que la lecture appartient avant tout au domaine du ludique, tout en mettant l’accent sur le fait qu’un livre peut revêtir de multiples formes. Bref, du traditionnel à l’exceptionnel!

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