Rentrée 2014 : Littérature étrangère et canadienne

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Chaque automne, ils sont plusieurs auteurs à jouer du coude pour se tailler une place en librairie, pour se frayer un chemin jusqu’à vous, lecteurs. Cette année, nous vous proposons un tour d’horizon, toutefois loin d’être exhaustif, des têtes d’affiche de la rentrée 2014. Ainsi, sortez votre panier et cueillez dans ce champ de nouveautés vos prochains coups de cœur!

À LIRE SUR-LE-CHAMP :

Charlotte
David Foenkinos (Gallimard)
Ce roman brodé avec délicatesse et poésie raconte une fascination, celle d’un auteur pour une artiste qu’il découvre lors d’une exposition. Dans un hommage sensible et sublime, David Foenkinos retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre allemande morte en 1943 à Auschwitz, à 26 ans, alors qu’elle était enceinte. Née dans une famille au lourd passé, où la morosité régnait, elle était en quelque sorte promise à un destin tragique. Un destin qui nous happe dès les premiers mots. Elle s’exile en France pendant la guerre où elle crée une importante œuvre dans laquelle elle se réfugie et qu’elle considère comme toute sa vie. L’auteur signe un roman singulier, bouleversant, fulgurant, magistral.

Oona & Salinger
Frédéric Beigbeder (Grasset)
L’auteur de L’amour dure trois ans s’inspire de l’histoire d’amour méconnue entre l’écrivain J. D. Salinger, l’auteur de L’attrape-cœurs, et d’Oona O’Neill, la fille du Nobel de littérature Eugene O’Neill, dramaturge américain. En 1940 à New York, le jeune homme de 21 ans rencontre la jeune femme, âgée de 15 ans. Puis, Pearl Harbor chamboule tout. Salinger part à la guerre, tandis qu’Oona se rend à Hollywood pour tenter sa chance dans le cinéma. L’amoureux transi correspond avec sa belle, mais celle-ci reste plutôt silencieuse… Oona était la principale muse de Salinger, mais également celle de Truman Capote avec qui elle était amie et que nous croisons également dans cette œuvre effervescente et envoûtante.

Le royaume
Emmanuel Carrère (P.O.L)
Nous ne croyons plus aux contes de fées. Alors pourquoi croyons-nous en Dieu? Et si la religion était aussi une illusion? Ou une fuite? Se posant cette question, l’écrivain Emmanuel Carrère, qui se dit agnostique, raconte les trois ans de sa vie où il a été un chrétien pratiquant. Partant de là, il réfléchit sur ce qu’est aujourd’hui le christianisme, sur ses valeurs, et revisite les débuts de cette religion. Captivés, nous ne pouvons que suivre Carrère dépeindre ce pan de notre histoire, cette histoire beaucoup plus grande que nous. Après L’adversaire et Limonov, Emmanuel Carrère frappe encore un grand coup avec la parution, le 10 septembre, de cet ouvrage d’une grande érudition, foisonnant, brillant et humain.

Fonds perdus
Thomas Pynchon (Seuil)
Maxine, une jeune mère, ancienne inspectrice des fraudes, se retrouve au cœur d’une aventure où elle côtoie des hackers et des cybervoyous. Partant d’une hypothèse jamais évoquée à propos du 11 septembre 2001, soit que l’omniprésence du Web, cette chose qui nous dépasse, permet peut-être l’impossible, ce roman échafaude un récit complexe où tout peut éclater… Secrets et complots sont au menu de cette histoire qui se déroule à New York entre mars et septembre 2001 et qui nous plonge à un rythme effréné dans une Amérique tourmentée. Toujours aussi fascinant et inventif, ce Thomas Pynchon. Et toujours aussi mystérieux, celui que l’on surnomme « l’écrivain anonyme » en raison de son absence des médias.

 

BONHEURS DE SAISON :

Peine perdue
Olivier Adam (Flammarion)
Sur la Côte d’Azur, alors qu’une tempête perturbe la vie des vingt-deux narrateurs qui errent dans l’existence, aux prises avec leur drame et leur fragilité, Antoine, un joueur de football, subit une agression. Dense, sombre et très bien ficelé, ce roman choral s’avère captivant.

Le poison des jours
Lauren B. Davis (Leméac)
Issu d’une famille étouffante, malsaine et incestueuse, Albert rêve d’une vie meilleure, mais comme personne ne peut quitter le clan, il se sent coincé. Il se lie d’amitié avec un adolescent de 15 ans, ce qui pourrait changer le cours des choses. Troublant.

Bureau des spéculations
Jenny Offill (Calmann-Lévy)
La femme de ce roman rêvait de devenir une écrivaine de génie. Elle s’est plutôt mariée, a eu une fille, et la voilà empêtrée dans cette vie et ce bonheur tranquille qui ne la satisfont pas complètement. Avec un talent incomparable pour raconter, l’auteure explore les désillusions.

Les Weird
Andrew Kaufman (Alto)
Les enfants de la famille Weird, des personnages déjantés, ont chacun un don reçu de leur grand-mère. Alors qu’ils vivent maintenant éloignés, ils doivent se réunir avant la mort de cette dernière pour annuler ces dons qui s’avèrent des malédictions. Un roman plein d’esprit et d’humour.

Big Brother
Lionel Shriver (Belfond)
Pandora encaisse tout un choc en revoyant son frère : il est maintenant obèse. Mais que s’est-il passé en quatre ans pour que son frère athlétique prenne autant de poids? Ce roman caustique sur la famille et le rapport à la nourriture et au corps met en scène des personnages attachants.

Tout ce que je sais de l’amour
Michela Marzano (Stock)
Ce récit autobiographique tendre comme une caresse fait du bien à l’âme en analysant l’amour sous toutes ses formes. Un livre personnel au ton accrocheur qui nous ressemble et qui nous donne envie de remiser cette peur qui nous empêche souvent d’avancer.

On ne voyait que le bonheur
Grégoire Delacourt (JC Lattès)
Après le succès de La liste de mes envies, l’auteur récidive ici avec un roman plus sombre et tragique sur la famille, le bonheur et le pardon. Antoine, un assureur, évalue la vie des autres. Mais que vaut la sienne? Et si les douleurs prenaient trop de place dans sa vie?

Cataract City
Craig Davidson (Albin Michel)
Deux hommes liés depuis l’enfance prennent des chemins différents. L’un devient policier tandis que l’autre s’avère un boxeur délinquant. Leur amitié sera ébranlée lorsqu’ils devront s’affronter. Un autre roman puissant et poignant de l’auteur d’Un goût de rouille et d’os.

Autour du monde
Laurent Mauvignier (Minuit)
Les différents personnages de ce roman choral ne se connaissent pas, mais ils vivront tous un terrible événement : le tsunami au Japon en 2011. Chacun, anonyme dans le monde, est prisonnier de son histoire, errant dans cette vie qui lui file entre les doigts.

Œuvres vives
Linda Lê (Christian Bourgois)
Pendant un séjour au Havre, un journaliste parisien découvre le livre de l’écrivain Antoine Sorel. En apprenant la mort de ce dernier le lendemain, il entreprend des recherches et rencontre l’entourage de l’écrivain afin de lui rendre hommage. Un roman sur la solitude et les origines.

Price
Steve Tesich (Monsieur Toussaint Louverture)
Dans l’Indiana, au cœur des années 60, Daniel Price, jeune homme de 17 ans, s’apprête à quitter l’adolescence, une période trouble remplie d’émotions contradictoires. Ce roman initiatique traite du mensonge, de la relation père-fils et de la quête de liberté.

Le règne du vivant
Alice Ferney (Actes Sud)
Nous sommes tous responsables du sort de la planète même si nous nous y sentons parfois minuscules. Magnus Wallace, militant écologiste, lutte contre la pêche illégale et la destruction des richesses de la mer. Ce roman engagé prône une prise de conscience et célèbre la beauté du monde.

Contrecoups
Nathan Filer (Michel Lafon)
Âgé de 19 ans, Matthew, un être sensible à qui on s’attache rapidement, souffre de schizophrénie et cherche sa place dans le monde. Il est hanté par son grand frère, mort quand il avait 9 ans. Un premier roman émouvant, sublime, qui prend au coeur. 

 

Fidèle au rendez-vous automnal, Amélie Nothomb met en scène la relation qu’entretient une écrivaine avec une de ses lectrices dans Pétronille (Albin Michel). Un autre chouchou, Alexandre Jardin revientavec Juste une fois (Grasset), une histoire d’amour qui se déroule en partie au Québec. De son côté, la grande dame de la littérature, Alice Munro, publie treize nouvelles dans Rien que la vie (Boréal). Grâce à la traduction de Nancy Huston, les nouvelles de Virginia Woolf se retrouvent sous le titre La soirée de Mrs Dalloway (Les Allusifs). Haruki Murakami dévoile quant à lui L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage (Belfond). Dans le recueil de nouvelles Étranger dans le mariage (JC Lattès), nous plongeons dans l’univers sombre et fantaisiste du cinéaste Emir Kusturica, qui nous avait livré son autobiographie en 2011.

Après avoir raconté sa captivité dans Même le silence a une fin, Ingrid Betancourt signe cette fois son premier roman, La ligne bleue (Gallimard), qui flirte avec les thèmes de son ouvrage précédent. Toujours chez Gallimard, Joy Sorman dévoile La peau de l’ours tandis que Catherine Cusset explore son rapport à la religion dans Une éducation catholiqueÉliette Abécassis témoigne d’une nouvelle vision du psychanalyste dans Un secret du docteur Freud (Flammarion). Dans Mécanismes de survie en milieu hostile d’Olivia Rosenthal (Verticales), la narratrice s’invente des moyens pour survivre. Chez Robert Laffont, on retrouve MaddAddam de Margaret Atwood, un roman intelligent à l’humour noir. Les adeptes d’histoire seront heureux d’apprendre qu’ils pourront enfin lire la conclusion de la série de Ken Follett avec la parution d’Aux portes de l’éternité. Le siècle (t. 3). Le premier tome d’une autre saga historique voit le jour chez JCL, Le scandale des eaux folles de Marie-Bernadette Dupuy, qui s’inspire de la tragédie du lac Saint-Jean.

À travers la vie de Greta Garbo, Nelly Kapriélan, qui dirige entre autres, les pages littéraires des Inrockuptibles, interroge notre rapport aux vêtements et à l’apparence dans Le manteau de Greta Garbo (Grasset). Puis, Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive (Grasset) de Christopher Donner nous entraîne dans les coulisses du cinéma des années 60-70. Chez Alto, Claire Mulligan met en scène les soeurs Fox dans son roman Dans le noir. Avec Dix ans d’éternité (Recto-Verso), Catherine Briat raconte la soif de liberté d’une génération. Dans les yeux des autres (L’Olivier), Geneviève Brisac s’attarde à l’histoire de deux soeurs. La disparition d’une enfant est au coeur de l’intrigue de Nos disparus de Tim Gautreaux (Seuil). Quant à lui, Juan Gabriel Vásquez explore le passé et le pouvoir grâce à un caricaturiste dans Les réputations (Seuil). Trois générations d’une famille texane gravitent dans Le fils de Philipp Meyer (Albin Michel). Des personnages hauts en couleur se déploient dans La famille Middlestein de Jami Attenberg (Les Escales). L’homme de la montagne de Joyce Maynard (Philippe Rey) visite l’adolescence.

Après Viviane Élisabeth Fauville, Julia Deck revient avec Le triangle d’hiver (Minuit), tandis que Marie-Hélène Lafon signe Joseph (Buchet Chastel) et que James Salter se surpasse dans Et rien d’autre (L’Olivier). Voici d’autres retours à ne pas manquer : Menus souvenirs (Seuil) de José Saramago, Fleur et sang (Viviane Hamy) de François Vallejo, L’Île du Point Némo (Zulma) de Jean-Marie Blas de Roblès, Petits oiseaux (Actes Sud) de Yôko Ogawa et Un monde flamboyant (Leméac) de Siri Hustvedt. Suréquipée de Grégoire Courtois (Le Quartanier) et Les brasseurs de la ville d’Evains Wêche (Mémoire d’encrier) devraient également attirer l’attention.

Du côté théâtral, la pièce Molly Bloom, qui a été montée à Montréal au printemps et qui s’avère le dernier chapitre d’Ulysse de James Joyce, paraît chez Prise de parole. Il s’agit d’un monologue féminin puissant, libre et intime. Philippe Besson se lance pour la première fois dans l’écriture pour la scène avec Un tango en bord de mer (Julliard). La pièce Elvis (polyptyque) suivi de Monsieur le et de Rouge d’Emmanuel Darley (Actes Sud) s’articule, entre autres, autour de la vie du King.

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