Barcelone: Les statues vivantes de Mendoza

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« Le voyageur qui arrive pour la première fois à Barcelone remarque vite où finit la vieille ville et où commence la nouvelle. Les rues sinueuses deviennent droites et plus larges; les trottoirs, plus spacieux; de grands platanes font une ombre agréable; les constructions ont plus d’allure; beaucoup s’étonnent, croyant avoir été transportés magiquement dans une autre ville. »

La ville des prodiges d’Eduardo Mendoza a deux personnages principaux : Onofre Bouvila dont on suit l’ascension et, surtout, la ville de Barcelone qui connaîtra une véritable explosion démographique, culturelle et architecturale entre l’exposition universelle de 1888 et celle de 1929.

Barcelone a longtemps été une ville cloisonnée, prise entre plusieurs monts, où les habitants vivaient les uns sur les autres, rendant l’endroit propice aux épidémies de choléra et autres maladies. Dans les années évoquées dans le célèbre roman d’Eduardo Mendoza, on retrouve un lieu qui se déploie pour enfin trouver la splendeur qui le caractérise aujourd’hui. C’est également durant cette période qu’Antoni Gaudí a érigé ses maisons, son parc et sa cathédrale, véritables symboles de la capitale catalane.

La ville des prodiges n’est pas la seule œuvre de Mendoza mettant Barcelone à l’avant-plan. En fait, la plupart des romans de cet auteur catalan sont ancrés dans sa ville maternelle. Dans Sans nouvelles de Gurb, un pauvre extraterrestre s’y retrouve coincé sous les traits de Madonna, y dégustant à outrance des beignets, mais se promenant aussi dans des quartiers colorés de la ville. « Je descends les Ramblas, j’entre dans les rues latérales. Dans cette partie de la ville, les gens sont de toutes les couleurs, et leur seule vue suffirait à faire comprendre que Barcelone est un port de mer, même s’il ne l’était pas. Ici convergent les races du monde entier (et même d’autres mondes si je m’inclus dans le compte), ici se mêlent et se démêlent les destins les plus divers. »

En fait, l’œuvre de Mendoza est tellement ancrée dans Barcelone qu’il se plaît à nous montrer un visage méconnu de sa ville : « À cette heure, les Ramblas étaient vides de promeneurs, les cafés et les commerces étaient fermés, et seuls œuvraient les employés municipaux qui restituaient son aspect habituel à cette artère emblématique après l’agitation de la nuit barcelonaise… » Il utilise même dans La grande embrouille un des symboles humains de la ville en mettant en scène les fameuses statues vivantes qui égaient les lieux touristiques : « Nous travaillons parce que le monde a besoin de nous. Que serait le monde sans artistes? Que serait Barcelone sans ses statues vivantes? »

Lire Eduardo Mendoza est un merveilleux moyen de s’initier à la ville de Barcelone, d’y découvrir ses quartiers, sa population, son dynamisme ou d’y retourner à moindres frais et de retrouver le charme de cette ville à l’architecture unique.

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