On entend souvent dire que les gens ne lisent plus. Pourtant, la lecture est un excellent divertissement en plus d’être remplie de bienfaits pour notre cerveau, de stimuler notre créativité et d’être une excellente façon de s’enrichir tout en relaxant. Étant donné l’augmentation constante du nombre de livres publiés chaque année, des ventes, de l’achalandage dans les salons du livre et autres foires littéraires, toutes les raisons poussent à croire que les gens lisent encore. Mais la vraie question n’est pas de savoir si les gens lisent, mais bien comment lisent-ils? Voici quelques figures, aucunement fondées, mais pourtant très représentatives des rituels de lecture qu’il est possible d’observer chez les différents lecteurs.

Le rituel du cocooneur 
Le cocooning est cette tendance où le moment de repos et de détente se fait dans le confort le plus douillet possible. Le cocooneur est celui qui enfile son plus doux pyjama pour déguster un bon thé ou un chocolat chaud bien lové dans sa plus grosse douillette. Le rituel de ce type de lecteur est principalement axé sur le set up afin de créer une ambiance et un espace de lecture idéal. Celui qui prend la peine de se changer et de préparer son divan pour se plonger dans un livre s’y plonge généralement pour un bon moment. Le cocooneur lira longtemps, parfois plusieurs heures, ne refermant son livre que pour se faire un autre chocolat chaud… Il est dans une bulle zen et douillette et ne se laissera pas distraire par beaucoup de chose.

Le rituel du googleur 
Le googleur est un lecteur curieux. Il est primordial pour bien accomplir le rituel de lecture de posséder un outil technologique à portée de main avant de se plonger dans un livre. Une fois que l’espace choisi est connecté à un réseau Wi-Fi, il peut enfin commencer sa lecture. Le googleur ne laissera pas un mot ou une donnée inconnue lui passer sous le nez. Il est de ceux qui n’hésitent pas à déposer leur livre pour faire une ou plusieurs recherches sur Internet afin de valider l’information découverte dans un livre, qu’il soit scientifique, littéraire ou romanesque. Après validation, il lui arrivera de découvrir d’autres informations connexes, plongeant ainsi dans un long voyage web pouvant passer plusieurs heures sur le Net, oubliant même le livre qu’il était en train de lire. Peut-être il y reviendra pour le terminer, peut-être pas…

Le rituel du bricoleur
Le bricoleur a des coups de foudre littéraires. Il possède une liste mentale très précise d’une dizaine de livres qu’il relie une fois l’an, parfois plus. Son rituel de lecture n’implique rien de plus que le livre en question, le lieu et l’ambiance n’importent pas. Après la deuxième ou troisième lecture, il commencera à souligner des passages ou à plier des coins tellement les mots et les phrases qu’il lit le touchent. Après la cinquième ou sixième lecture, passé maître dans l’art de la reliure artisanale, le bricoleur n’hésitera pas à user de duck tape pour réparer la reliure de son livre, trop souvent ouvert et refermé sans compter toutes ces fois où l’objet de désir aura traîné dans son sac ou sous son oreiller.

Le rituel de celui-à-qui-on-n’arrive-pas-à-trouver-de-nom
Le j’aime-beaucoup-lire-mais-je-ne-lis-pas-vraiment aime toucher, déplacer et replacer les livres. Son rituel de lecture est très simple : l’envie de lire vient, le je-lis-beaucoup-mais-je-suis-nostalgique se positionne confortablement devant sa ou ses bibliothèques ou devant sa ou ses piles à lire. Dans le but de choisir un titre à lire, il regardera attentivement chacun de ses livres en profitera pour remettre de l’ordre soit par thème, par éditeur ou par auteur. Il lira ensuite les quatrièmes de couverture de pas un, ni deux, ni trois livres, mais de plusieurs. Il feuillettera au passage ses romans préférés, reniflant au passage quelques pages, glanant ça et là des vieux signets oubliés dans des titres abandonnés ou déjà achevés. Au bout de plusieurs minutes, voire des heures, ayant assouvi un désir qu’il n’aura pourtant pas réellement comblé, le j’aime-plus-mes-vieux-livres-que-les-nouveaux ira vaquer à d’autres occupations, tout de même satisfait de son moment de lecture.

Le rituel du mélomane
Un vrai mélomane intègre la musique dans toutes les sphères de sa vie même lors du moment de la lecture. Le rituel du mélomane peut être très long et aussi très exigeant. Il faudra d’abord choisir le livre à lire et, selon sa description, son esthétisme, son genre ou ce qui l’inspire, il faudra trouver LA trame sonore parfaite pour l’accompagner. Cette sélection d’ambiance musicale peut prendre plusieurs minutes et peut parfois même faire oublier complètement l’objectif initial. Une fois l’atmosphère sonore établie, le mélomane n’hésitera pas en cours de lecture à prendre une ou plusieurs pauses pour bien se concentrer sur le solo ou pour radicalement changer l’ambiance dans le cas où celle-ci ne conviendrait pas au récit. Dans un tel cas, tout le processus est à refaire et le mélomane doit retourner à la case départ du rituel.

Le rituel du nyctalope
Déjà, enfant, le nyctalope attendait l’heure fatidique du dodo pour sortir sa lampe de poche et son album préféré de sous l’oreiller. Sa couverture devenue une tente de fortune, celui-ci pouvait lire des heures entières dans l’obscurité presque complète. Le rituel du nyctalope implique généralement son lot de chandelles, quelques batteries de recharge pour la lampe frontale ou au minimum un luminaire gradateur. Le moment de lecture se fera généralement le soir ou dans une pièce peu ensoleillée. Bien que très profondément plongé dans sa lecture, le nyctalope sera facilement irrité par les sons et les bruits ambiants et n’hésitera pas à cesser la lecture jusqu’au retour du calme absolu. Il pourra ainsi retourner lire dans sa bulle obscure, ou rien d’autre que les mots éclairés sur la page agiront sur son imagination.

Le rituel du ratatineur
Le ratatineur est sans doute le lecteur le plus hydraté de tous. Son rituel de lecture peut impliquer des canards flottants, de la mousse et autres gréements propres à cet espace unique qu’est le bain. Le ratatineur ne lira jamais plus de trois heures de suite, n’hésitera pas à réchauffer l’eau au besoin et ne sera jamais de ceux qui empruntent des livres à la bibliothèque, cela serait trop risqué. Il n’est pas de ceux qui cesseront une lecture parce que l’objet est tombé dans le bain, et lorsque le rituel prendra fin, il déposera simplement l’objet à la verticale afin que celui-ci puisse sécher pour la prochaine séance. Parfois d’ascendant nyctalope, il n’est pas rare qu’une ambiance tamisée et quelques chandelles aident au bon déroulement de la séance du ratatineur.

Le rituel du multitâche
Le multitâche a besoin d’ambiance ou de diversion pour lire. Qu’il s’agisse d’une émission de télévision, d’un lieu public achalandé ou d’un souper en préparation sur le rond, il lui est impensable d’envisager une lecture dans un lieu trop tranquille, voire silencieux, où rien ne détourne son attention. Le rituel du multitâche implique généralement plusieurs sens. Il a ce besoin de sortir sa tête du récit plus souvent que nécessaire pour s’occuper mentalement ou physiquement ailleurs. L’histoire qu’il lit sera régulièrement parsemée d’interludes plus ou moins longs, mais sa capacité à replonger dans le livre n’en sera en rien affectée. Dans la même famille se trouve le multitâche technologique qui, entre deux pages, ira, selon l’ordre logique de son rituel, errer sur Facebook, Google ou toutes autres plateformes stimulantes qui n’ont rien à voir avec le sujet du livre afin d’y revenir quelques instants plus tard pour deux ou trois autres pages.

Le rituel du puriste
Ce rat de bibliothèque casanier lit de tout et lit souvent, mais il se plie généralement aux règles de l’art. Le rituel du puriste est classique; un bon livre, un siège mou, un éclairage optimal et du temps. Malgré le peu de moyens que nécessitent ces moments de lecture, il n’est pas donné à tous d’achever correctement le rituel du puriste. En effet, aucune nourriture et idéalement aucun breuvage ne sont tolérés pendant la lecture de crainte de salir ou de tacher l’objet. Une bonne posture est primordiale, toujours de façon à optimiser la lecture et l’entretien de l’objet. Les activités parallèles et les imprévus n’ont pas leur place pendant une telle séance de lecture. Lorsque le puriste prend une pause, pour des raisons sérieuses ou majeures, il ne laissera pas le livre ouvert face contre la table, il y insérera plutôt un signet propre afin de marquer sa page. Pour le dire autrement, il est de ceux qui vendent des livres usagés en aussi bons états, sinon mieux que neufs.

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