Les bonnes nouvelles ne sont pas rares

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Le genre littéraire de la nouvelle n’a pas toujours bonne réputation. On hésite encore à lire des recueils de nouvelles auxquels plusieurs lecteurs préfèrent encore le roman. Pour vous prouver que les bonnes nouvelles ne sont pas rares, voici dix valeurs sûres approuvées par nos libraires.


Nouvelles Complètes
Nicholas Gogol (Gallimard, Quarto)

« Pour une première fois, la totalité des nouvelles de Gogol se retrouvent réunies dans un même ouvrage. Tout de suite, on pense à lire les célèbres « Nouvelles de Petersburg ». Quel plaisir de se moquer de ces petits fonctionnaires paumés qui baignent dans la grisaille joyeuse de cette ville! Mais, si on se sent plus audacieux, les « Nouvelles ukrainiennes » se révèlent fort surprenantes. Ces contes folkloriques font penser, de façon troublante, aux contes traditionnels québécois. Pour accompagner la lecture, des dossiers abondants et inusités, notamment huit traductions différentes des premières pages de « Le manteau ». Un dernier bon mot pour le choix de la page couverture : l’exaltante toile de Chagall « Hommage à Gogol » remplace l’habituel portrait en noir et blanc de l’auteur. »
Julie Bouré, librairie Pantoute (Québec)

Mensonges d’été
Bernhard Schlink (Gallimard, Folio)

« Il faut un immense talent pour réussir une « bonne nouvelle ». Celles-ci, au nombre de sept, regroupées dans le dernier livre de Bernhard Schlink, sont des microcosmes de vies, des condensés de l’âme et en quelques pages se retrouve parfois la substance concentrée d’un roman de 300 pages. Les personnages sont si bien campés dans leur rôle que cette lecture vaut bien à elle seule un petit traité de psychologie. Le mensonge certes, mais chaque nouvelle fouille le côté sombre et trouble de notre âme, nos ambivalences, nos lâchetés, nos jalousies, nos attitudes de bonne conscience et tous les non-dits dévastateurs qui obscurcissent la vérité et qui accentuent jour après jour l’incommunicabilité entre les êtres. »
Jocelyne Vachon, La Maison de l’Éducation (Montréal)

Du côté de Castle Rock
Alice Munro (Boréal, Boréal compact)

« Du côté de Castle Rock nous plonge en plein coeur d’une famille écossaise, celle d’Alice Munro et de ses arrière-grands-pères. Chacun avait sa propre vie, sa propre opinion. L’un voulait partir en Amérique, un autre raconte son départ de l’Écosse et un autre explique comment il vit en Amérique. Ce sont des destins qui se suivent tous. Dans ces nouvelles, toutes reliées les unes aux autres, Alice Munro dépeint si bien les situations qu’on s’y croirait réellement. L’atmosphère qu’elle crée habilement nous habite rapidement. On se laisse happer par l’histoire de ces personnages, les mots qui glissent tout seuls. C’était une première rencontre pour moi avec cette écrivaine canadienne et je n’ai pas été déçue. À lire lentement pour bien savourer! »
Caroline Larouche, Les Bouquinistes (Chicoutimi)

S’abandonner à vivre
Sylvain Tesson (Gallimard, Folio)

« Ce nouveau recueil de nouvelles de notre écrivain voyageur est comme toujours un dépaysement. Chaque aventure, du petit voyage de noces à la traversée du désert, est un véritable appel au dépassement de soi, à un éveil de conscience. Parfois même, un pied de nez à nos valeurs à nous, les Occidentaux. De savoureuses à profondément humaines, ces histoires permettent à Sylvain Tesson de nous faire réfléchir sur le sens profond de la vie. N’est-ce pas ce qui pousse ce grand aventurier à voyager hors des sentiers battus? Une chose est certaine, il nous envoûte au point où à la fin de chacun de ces récits, il faut se retenir pour ne pas tout laisser tomber et partir, sac au dos, à la recherche de nouveaux défis à relever. »
Isabelle Prévost-Lamoureux, La Maison de l’Éducation (Montréal)

Le livre de sable
Jorge Luis Borges (Gallimard, Folio)

« Ce recueil de nouvelles d’un auteur à la fois érudit et ancré dans le monde des sensations ne passera jamais de mode tant il resymbolise la réalité avec une sagacité et une clairvoyance rare! Jorge Luis Borges est un passeur indispensable entre deux mondes, il nous fait voir le reflet et les mirages qui en disent beaucoup sur les significations diverses de l’inquiétant vécu. Pionnier du réalisme magique, Borges augmente notre compréhension des labyrinthes et circonvolutions de notre existence. À lui seul, il fait autant de dommages qu’un cours de philosophie… »
Librairie Marie-Laura (Jonquière)

Fin de mission
Phil Klay (Gallmeister)

« Ils sont aumônier, membre du service des affaires mortuaires, agent des services diplomatiques, spécialiste en opérations d’influence, artilleur qui n’a jamais vu le corps de ses ennemis, lieutenant chargé de l’administration à Falloudja, soldat du génie défiguré à vie par un engin explosif improvisé. En douze nouvelles coups de poing, ils décrivent la fureur des combats, les longs moments d’ennui et, surtout, le chaos dans lequel ils vivent. Chaos qui est devenu la norme, d’où la difficulté pour eux de reprendre une vie “ordinaire” auprès de ceux qui les attendent. »

Louise Chamberland, librairie L’Option (La Pocatière)

Coupables
Ferdinand von Schirach (Gallimard, Folio)

« Après Crimes en 2011, poursuivant son travail d’alchimiste de l’écrit, Ferdinand von Schirach transforme dans Coupables le fait divers en chef-d’oeuvre littéraire. Un trafiquant de drogue gourd faisant avaler du laxatif à un chien bouffeur de clés de consigne; une jeune fille croyant souffrir de maux d’intestins et accouchant dans une cuvette; un client portant plainte contre l’ancien président Reagan : l’avocat berlinois, écrivain sublime, expose la détresse humaine, la cupidité, la bêtise, les pulsions violentes et sexuelles, les petites choses déroutantes de la vie. Quinze brèves affaires criminelles, des histoires vraies, minutieusement construites, subtiles leçons de droit et d’humanité, où les coupables ne sont pas toujours ceux que l’on croit. »
Christian Vachon, librairie Pantoute (Québec)

La mauvaise habitude d’être soi
Martin Page, Quentin Faucompré (Seuil, Points)

« En lisant La mauvaise habitude d’être soi, j’étais étonnée qu‘il s’agisse du premier recueil de nouvelles de Martin Page tant ce genre littéraire lui sied bien. Il a une imagination débordante et un style d’écriture qui conviennent très bien aux histoires courtes. Dès les premières lignes, lorsqu’un homme apprend qu’il a été tué en ouvrant la porte au policier venu enquêter sur son meurtre, nous savons que nous sommes bel et bien dans l’univers de cet écrivain que j’affectionne particulièrement. Et c’est comme ça jusqu’à la fin. De plus, les illustrations de Quentin Faucompré répondent parfaitement bien aux textes avec leur propre folie, tout en rendant la lecture encore plus agréable. »
Marie-Hélène Vaugeois, librairie Vaugeois (Québec)

Perdu dans un supermarché
Svetislav Basara (Les Allusifs)

« Ce merveilleux fou, ce génie de Basara nous revient avec un recueil de nouvelles plus abracadabro-déliro-métaphysico-humoristiques les unes que les autres! Même les amateurs de littérature plus pointue et ardue pourraient largement y trouver leur compte, car c’est bien de cela qu’il s’agit ici : du plaisir de lire et d’écrire dans toutes ses ramifications. Dans plusieurs nouvelles, l’auteur se positionne comme un écrivain présent, comme se sachant écrire, notant, au fil de l’histoire, ses procédés, les manières de s’en sortir ou de se corriger. En jouant aussi beaucoup sur l’illusion de temporalité d’un roman, il nous ramène à notre condition de lecteur. Le tout est, je vous l’assure, particulièrement réjouissant. À découvrir sans plus tarder! »
Anne-Marie Genest, librairie Pantoute (Québec)

Le veau, suivi de Le coureur de fond
Mo Yan (Seuil, Points)

« Dans deux longues nouvelles,  »Le veau » et  »Le coureur de fond », Mo Yan arrive, par un comique de situation, à mettre en exergue les incohérences et absurdités du régime communiste sans jamais se compromettre. Revisitant en pensées le village de province de son enfance, l’auteur fait revivre les nombreux personnages colorés qui ont marqué sa jeunesse. On y fantasme sur la plus vulgaire des pièces de viande, une couille de veau, s’apparentant ici par sa rareté au plus rare des festins. L’humour est omniprésent, que ce soit pour décrire les prouesses sportives de M. Zhu, le professeur d’éducation physique de la commune, ou encore pour ridiculiser la roublardise de l’oncle Guan. Un beau préambule à l’oeuvre foisonnante de Mo Yan. »
Thomas Dupont-Buist, librairie Gallimard (Montréal)

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