Le roman Le plongeur de Stéphane Larue n’a pas fini de récolter ses fruits. En plus d’avoir remporté le Prix des libraires du Québec, voilà qu’il reçoit le prix Senghor du premier roman francophone et francophile. Cette récompense internationale souhaite mettre en lumière « le dialogue entre les cultures, au travers du partage volontaire d’une langue commune ». Le plongeur était en compétition avec dix autres titres écrits par des auteurs de France, du Cameroun, d’Haïti, d’Iran, de Belgique, de Suisse et d’Algérie. Il l’a remporté avec 9 voix contre 4. La remise du prix qui en est à sa 12e édition s’est faite à Paris le 29 septembre dernier. Le prix est accompagné d’une bourse de 2000 euros, soit environ 2940 dollars canadiens.

À titre de rappel, Le plongeur raconte la vie d’un joueur compulsif. Le jeune Montréalais accepte un emploi de plongeur dans un restaurant de la ville où l’ambiance frénétique lui permet d’occuper momentanément ses pensées obsédantes. « J’ai eu un problème d’addiction au jeu, raconte Larue en entrevue pour la revue Les libraires. Ça m’a permis d’avoir une parole que je sentais vraie en écrivant. De pas inventer un narrateur qui vit la nuit d’une façon que moi j’l’ai pas vécue. C’est comme ça que j’suis rentré dans la nuit. » L’hyperréalisme du livre est probablement ce qui a le plus plu au jury du prix Senghor qui s’exprime ainsi : « Ce qui est étonnant dans ce roman est la manière dont le lecteur est presque capté lui aussi par cette immersion et dont il accompagne les personnages qui tentent de prendre leurs marques dans la nuit montréalaise et hivernale. »

Le roman paraîtra en anglais chez Biblioasis dans une traduction de Pablo Strauss et sera adapté au cinéma par le réalisateur Francis Leclerc.

Extrait
« J’ai traversé deux autres rues et je suis arrivé devant le restaurant. Seize heures trente. Il faisait déjà nuit. Mon cœur battait un peu plus rapidement. J’ai pris une très grande respiration. Dans le fond, le Bistro de Paris n’était pas si loin que ça. Je n’avais qu’à faire demi-tour et à marcher à peine quelques rues. Je pourrais toujours me trouver du travail plus tard cette semaine. J’ai regardé vers la rue Saint-Hubert et me suis ressaisi, revoyant l’endroit où m’avait déposé Malik, et je suis arrivé à chasser de mon esprit le clignotement des écrans lumineux, les fruits multicolores qui tournoient et le tic-tac des crédits qui s’accumulent à mesure que se succèdent les combinaisons gagnantes. »

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