Les finalistes Spirale

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Ce ne sera qu’en octobre que nous connaîtrons le fin mot de l’histoire, mais nous connaissons d’ors et déjà les finalistes au Prix Spirale Eva-Le-Grand qui veut récompenser un essai qui concerne les arts : les essais, ces livres qui amènent plus loin notre réflexion, et qui dans l’introspection, créent des liens et favorisent l’émancipation de notre pensée et de notre culture. Voici les finalistes :

Marie-Claire Blais, pour Passages américains (Boréal, 2012)

Grand écrivain de l’américanité, Marie-Claire Blais signe un essai portant sur les justes luttes menées par la jeunesse contre l’autoritarisme politique et toutes formes de ségrégation. Ces Passages américains saisissent trois événements, l’assassinat de Robert Kennedy le 5 juin 1968, la Marche de la paix du Canada à Guantanamo entreprise à Québec le 26 mai 1963, la mort sous les balles de la Garde nationale de quatre étudiants sur le campus de l’université Kent en Ohio le 4 mai 1970. Porté par le souffle qui mène son œuvre romanesque, cet arrêt sur images constitue une trace littéraire de ces années de révolte, d’illuminations et de souffrances.

Érik Bordeleau, pour Foucault anonymat (Le Quartanier, 2012)

Dans la mesure où notre époque est, selon Foucault, dominée par le « gouvernement par individualisation », ne faut-il pas chercher le point de départ de ses analyses des modes de subjectivation, si celles-ci s’ancrent effectivement dans la résistance, dans une expérience de l’anonymat? Si tel est le cas, le défi que pose aujourd’hui l’œuvre de Foucault ne sera pas tant de remédier à une insuffisance présumée de sa conception de la résistance que de penser, dans son ambivalence constitutive, l’idée qu’« écrire pour ne plus avoir de visage » fait mieux entendre le grondement d’une bataille dont la ligne de front passe désormais au cœur même des subjectivités. C’est la figure de cet anonymat tonique que veut tracer ce livre.

Yvon Rivard, pour Aimer, enseigner (Boréal, 2012)

Après trente-cinq ans d’enseignement de la littérature, Yvon Rivard réfléchit sur ce métier, qui est idéalement un métier de partage et d’éveil du désir. Si l’enseignement est une histoire d’amour, c’est que la connaissance et l’amour obéissent au même désir inconscient d’échapper à la mort en laissant le mystère du monde, la beauté et l’étrangeté des êtres et des choses, élargir le regard et la pensée : « Plus le professeur éveille ce désir, plus il s’expose à être pris et à se prendre pour Dieu. » L’auteur aborde ici la question risquée de l’éros pédagogique en s’appuyant sur des œuvres qui, toutes, se posent, au fond, la question du bien et du mal.

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