La Montréalaise a été doublement lauréate à l’occasion du Congrès Boréal, qui se tenait du 4 au 6 mai dernier au Temple maçonnique de Montréal. Elle a ainsi remporté le prix Aurora/Boréal ainsi que le prix Jacques-Brossard grâce à son roman De synthèse publié chez Alto. La littérature de science-fiction, fantasy, fantastique (SFFF) québécoise est plus que jamais populaire et les multiples événements qui croissent un peu partout dans la province en attestent.

Ce livre nous est résumé par Victor Caron-Veilleux de la librairie Livres en tête comme présentant « une jeune fille qui grandit aux côtés de son père alcoolique et de sa mère misérable en vouant un culte à Olivia Newton-John. Au retour, elle crée Anouk, avatar et complétion d’elle-même, qui sait incarner son obsession de l’image parfaite. » Loué par les libraires, De synthèse est « porté par une écriture incandescente » et surtout, par « un personnage féminin qui ose », traitant de « l’altérité avec une belle et rare sagacité » selon Olivier Boisvert de la librairie Marie-Laura. Ces deux récompenses consécutives sauront en témoigner.

Le prix Jacques-Brossard, à l’origine appelé Grand Prix de la science-fiction et du fantastique québécois, a été créé en 1984 et récompense l’œuvre d’un auteur sur une année. Extrêmement populaire, son lauréat est également gratifié d’une bourse de 3000$. Administré par la corporation Passeport pour l’imaginaire, à la tête également du Prix jeunesse des univers parallèles, le prix Jacques-Brossard a distingué les plus grands auteurs de SFFF québécoise, comme Joël Champetier, Élisabeth Vonarburg ou encore Jean-Louis Trudel. Karoline Georges devance Philippe Meilleur (Maître Glockenspiel) et Pascal Raud (Cimetière et Le caméléon) et succède à Martine Desjardins qui l’avait emporté en 2017 avec son roman La chambre verte.

Le prix Aurora/Boréal, quant à lui, est organisé par la corporation SFSF Boréal. Les finalistes et le lauréat sont sélectionnés sur la base d’un vote du public, ce qui n’a pas manqué de faire couler de l’encre quant à la présence du Hansel et Gretel d’Yvan Godbout. Sa version horrifique comporte une agression sexuelle sur un enfant, ce qui a déclenché une plainte d’une enseignante en janvier dernier et le retrait temporaire des ventes, décidé par l’éditeur. Doit-on garder une certaine retenue dans la production littéraire pour ne pas choquer ou faire abstraction de sordides réalités dans le processus créatif? Si le débat existe en l’attente de l’évolution du dossier, le public a opté in fine pour le roman de Karoline Georges De synthèse.  

Crédits photos : Yannick Forest / Alto

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