Esteban Gonzalez remporte le Prix récit Radio-Canada

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Le vacarme est tel que l’on dirait que tous les cadavres du monde voudraient s’extirper soudainement de leurs cercueils à grands coups de poing et de pied. Le sol finit par se fissurer et l’asphalte s’ouvre et se soulève comme une plaie béante. De ces cassures émerge la voix rauque de la terreur.

Ramona, Esteban Gonzalez

C’est à Esteban Gonzalez que revient le Prix du récit Radio-Canada 2013 avec son superbe Ramona qui raconte le tremblement de terre qui a eu lieu au Chili en 1985. Natif de ce pays et arrivé au Québec depuis 20 ans, Gonzalez signe un récit qui finement fait part à la fois du chaos dévastateur et de la force vitale qui habitent toutes choses.

À travers la voix d’un enfant qui s’emploie avec sa mère à soigner patiemment un pigeon blessé, on rencontre toute la tendresse et l’espoir que symbolisent ces gestes de réhabilitation. Puis, le caractère violent et dévastateur du tremblement de terre qui ravage en quelques minutes la terre et ses habitants semblent venir tout avaler, et la vie et la confiance. Mais l’oiseau aura eu le temps de laisser son empreinte dans la tête et le cœur du petit garçon, et malgré quelques illusions envolées, la foi et l’espérance ne sont pas tout à fait disparues.

Esteban Gonzalez, en plus d’écrire merveilleusement bien, enseigne la biologie au Cégep de Jonquière. Même si à prime abord sa matière de prédilection peut sembler éloignée de l’écriture, on perçoit dans le récit de Gonzalez les influences de la science du vivant qui au final garde par-devers elle son mystère impénétrable.

Humble, Esteban Gonzalez dit avoir « toujours eu besoin d’écrire. Mais faire des histoires et séquencer les évènements de ma vie ne me qualifient pas pour être écrivain. C’est une appellation qui se mérite et je ne crois pas que je sois rendu là. Loin de là, je ne fais que noircir des pages. Mais qui sait? Un jour peut-être. » Mais les voix du jury ont parlé et en décidant d’élire le texte de Gonzalez grand gagnant du Prix du récit Radio-Canada parmi 520 récits, espérons que cela encouragera Monsieur Gonzalez à écrire davantage afin qu’il nous offre encore dans l’avenir le grand plaisir de ses mots. Car après la lecture de Ramona, c’est le mot encore que l’on laisse échapper.

Les membres du jury cette année étaient Catherine Voyer-Léger, Yves Beauchemin et Hervé Bouchard. Esteban Gonzalez se mérite une bourse de 6000$, une publication dans le magazine enRoute d’Air Canada qui compte plus d’un million de lecteurs chaque mois et d’une résidence d’écriture de deux semaines au Centre Banff en Alberta. C’est d’ailleurs là que son prix lui sera remis aujourd’hui même.

On peut lire l’intégralité du récit Ramona d’Esteban Gonzalez ICI.

Source : Radio-Canada 

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