Les libraires conseillent répond à la demande des lecteurs avides de suggestions. Chaque mois, un comité formé d’une quinzaine de libraires établit, après moult discussions passionnées et passionnantes, une sélection de cinq livres. 

Essais, BD, romans jeunesse ou pour adultes, d’ici comme d’ailleurs, ces cinq livres sont mis de l’avant dans les librairies membres de notre réseau. Cette initiative est une belle occasion de promouvoir des livres jugés particulièrement remarquables, ainsi que de valoriser le rôle primordial de votre libraire. 

Voici la sélection de juin :

L’empreinte
Alexandria Marzano-Lesnevich (Sonatine)

Minée par des années d’horreur et de silences, libérée de sa famille, Alexandria Marzano respire enfin lorsqu’elle est admise à la faculté de droit de Harvard. Alors qu’elle est idéaliste et progressiste (et de facto contre la peine de mort), ses convictions personnelles sont toutefois ébranlées lorsqu’elle doit participer à la défense de Ricky Langley, condamné à la peine capitale pour avoir agressé et assassiné un garçon de 8 ans. Ce livre « non narrative fiction » est à la croisée du récit intimiste et du « true crime ». Je n’avais rien lu dans le genre d’aussi percutant depuis De sang-froid de Truman Capote. L’écriture coule de source, le propos vient des tripes et il s’agit à mon humble avis de l’un des grands livres de l’année. Rien de moins.
Gabriel Guérin, librairie Pantoute (Québec)

 

Pour coeurs appauvris
Corinne Larochelle (Le Cheval d’août)

Avec un ton qui s’apparente quasiment à la confidence, Corinne Larochelle dresse le portrait des aventures sentimentales et érotiques d’une nomade de l’amour. Concises et directes, mais remplies de musicalité, les nouvelles laissent place à l’interprétation et à la rétrospective amoureuse personnelles. Amour impossible, aventure d’un soir, liaison étudiant-élève, absence de réciprocité : ces échecs amoureux montrent la panoplie de raisons pour lesquelles le cœur fonctionne. Bien que la narratrice soit souvent accompagnée, elle semble plongée dans une solitude où sa plus grande faiblesse est de croire à un bonheur à deux.
Justine Saint-Pierre, librairie du Portage (Rivière-du-Loup)

 

Les retranchées
Fanny Britt (Atelier 10)

À l’aube de la quarantaine (et six ans après Les tranchées), Fanny Britt réaffirme son refus de l’idéal maternel. Elle dénonce les modèles toxiques véhiculés, entre autres, par les réseaux sociaux, qui imposent chez la mère une recherche de succès factice. Elle aborde aussi plusieurs thèmes d’actualité reliés à la maternité (dont la difficulté d’éduquer des garçons). La réflexion percutante de la dramaturge autour de la « famille-spectacle » est une charge à fond de train contre la recherche de la perfection imposée par les structures sociales actuelles. Un essai qui fait bon dans une mare de livres qui vénèrent la « mère presque imparfaitement cinglante à boutte ». 
Denis Gamache, librairie Au Carrefour (Saint-Jean-sur Richelieu)

 

Les brutes et la punaise
Dominique Payette (Lux)

La montée en puissance des radios de confrontation, dénomination admirablement bien choisie par l’auteure de cet essai aussi instructif qu’accessible, est un phénomène qui dépasse largement la logorrhée incandescente de ces animateurs dont la dureté de la couenne n’a d’égal que le tranchant des opinions. La portée politique de ces stations, souvent cachée sous un vernis de liberté d’expression, de fausse innocence et de supposé gros bon sens nous est ici révélée dans toute sa scandaleuse impunité. Une réflexion honnête et très pertinente sur le pouvoir et les devoirs de ceux qui disposent d’une tribune.
Philippe Fortin, librairie Marie-Laura (Jonquière)

 

Opératique
Kyo Maclear et Byron Eggenschwiler (La Pastèque)

Ouvrir le roman graphique Opératique, c’est plonger tout d’abord dans un univers d’illustrations tout à fait magnifiques, aux teintes profondes et changeantes. C’est découvrir un texte riche, une histoire tout en délicatesse qui rend justice au quotidien des adolescents. Opératique, c’est aussi un hymne à la musique, quelle qu’elle soit, présenté par un prof passionné qui attise la curiosité des jeunes. C’est en apprendre un peu plus sur Maria Callas. Enfin, c’est un livre sur l’amitié, la quête d’identité, l’intimidation et la force de la communauté. Opératique, c’est à lire!
Chantal Fontaine, librairie Moderne (Saint-Jean-sur-Richelieu)