« On a toujours l’impression d’être plus jeune qu’on est.
Je porte en moi tous mes visages passés, comme un arbre ses cernes.
C’est leur somme qui fait de moi ce que je suis.
Le miroir ne reflète que mon dernier visage,
pourtant je reconnais tous ceux qui l’ont précédé. »
Tomas Tranströmer, Les souvenirs m’observent
Le poète suédois Tomas Tranströmer est décédé le 26 mars dernier à l’âge de 83 ans. Il a écrit une quinzaine de recueils en cinquante ans. En 2011, il provoque la surprise en recevant le prix Nobel de littérature puisqu’il était peu connu du public, à part des férus de poésie. Ses œuvres sont aujourd’hui traduites dans plus de soixante langues. Il était reconnu, entre autres, pour la force de ses métaphores.
Tout en poursuivant sa carrière de poète, il pratique le métier de psychologue, pour lequel il a fait des études à l’Université de Stockholm. En 1990, Tranströmer est victime d’un accident cardio-vasculaire qui diminuera sa condition physique.
« Le poète est particulièrement sensible à la terre, aux terres des pays qu’il traverse. Sa poésie s’en nourrit avec une capacité à montrer simplement des choses simples – en apparence seulement. Car derrière les images, perce tout le mystère du monde et des êtres », explique Philippe Simon du journal Ouest-France.
« Une lumière blême
jaillit de mes habits.
Solstice d’hiver.
Des tambourins de glace cliquetante.
Je ferme les yeux.
Il y a un monde muet
il y a une fissure
où les morts passent la frontière
en cachette. »
Tomas Tranströmer, Baltiques : œuvres complètes, 1954-2004