Native de Berne en Suisse, l’écrivaine Verena Stefan ira vivre en Allemagne dès ses 20 ans. En 1999, elle arrive à Montréal où elle demeurera jusqu’à son décès survenu le 29 novembre dernier. Atteinte du cancer depuis une dizaine d’années, elle a cependant continué à écrire jusqu’à la fin.

C’est en 1977 que paraît en français le premier livre de Stefan. Mues (éditions Des femmes), un essai féministe qui aura un important retentissement, sera traduit en huit langues. « En écrivant ce livre — ce qu’il énonce est à l’ordre du jour — je me suis heurtée à chaque mot et à chaque concept de la langue en cours… Ce sentiment si vif se rattache sans doute au fait que je parle de sexualité… Le langage se dérobe à la moindre tentative pour relater des expériences nouvelles… »

La maison québécoise Héliotrope publie en 2008 le roman D’ailleurs qui reçoit le prix John-Glassco de la traduction, ici réalisée par Louis Bouchard et Marie-Elisabeth Morf, et revue par l’auteure. « Durant la nuit, la chaleur bloque l’air dans les chambres à la manière de lourds rideaux. Pendant la journée, la ville chauffe comme si on se trouvait dans un four. See some mystics! dit quelqu’un au supermarché devant les étalages et leurs gobelets de plastique transparent qui débordent de toutes sortes de Sesame sticks, de bâtonnets de sésame, de noix, de fruits secs, d’épices et de fines herbes. »

En 2017 paraît Qui maîtrise les vents connaît son chemin, toujours chez Héliotrope. Ce livre raconte la vie peu banale du grand-père de l’auteure, médecin accusé d’avoir pratiqué des avortements et mis provisoirement dans un asile psychiatrique. « Le grand-père est grand et lourd, mais il s’avance avec prudence et lenteur, une écharde semble fichée dans son pied. Outre son cœur, il contient quelque chose de trop gros, qui pousse tout de côté. »

 

Crédit photo : Marie-Reine Mattera

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