«On peut être un homme et une fiction», commence l’article du Libération annonçant la mort de Yann Andréa, écrivain et muse de l’auteure Marguerite Duras. Cette phrase représente bien ce qu’aura été Yann Andréa, dont la relation avec Duras commence d’abord par une correspondance assidue du jeune Andréa de 23 ans obnubilé par les livres de Duras. Cette dernière, de la même manière que s’il s’agissait de l’un de ses personnages, lui donnera d’ailleurs le nom qu’il portera désormais, puisque Yann Andréa est d’abord né Yann Lemée ; Duras supprime son patronyme pour le remplacer par le prénom de la mère de Yann. Symboliquement, le jeune homme débute sa deuxième vie, celle qui commence à partir de sa rencontre avec Duras. Cinq ans après les premières lettres de Yann, il ira la rejoindre à Trouville et s’ensuivront des années portées par une passion mouvementée qui ne laissera aucun des deux amants indemnes.
En 1983, Yann Andréa publie son premier roman titré des initiales de son obsession, M.D. Puis suivra Cet amour-là en 1999 qui inspirera le film du même nom réalisé en 2001 par Josée Dayan. Puis paraîtront Ainsi en 2000 et Dieu commence chaque matin en 2001.
Trente-huit ans les séparent, Andréa a donc 43 ans quand Duras meurt en 1996. Après l’enterrement, «j’ai traversé la rue. J’habitais chez elle ; j’ai rejoint le studio qu’elle m’avait laissé, en face, avec mes deux valises. Et pendant deux ans, je n’en suis plus sorti. Je cherchais à me tuer, mais je n’y arrivais pas. C’est donc que je ne voulais pas me tuer, que c’était de la blague : j’ai fini par le comprendre. Ça a duré comme ça jusqu’au 30 juillet 1998, où j’ai appelé ma mère, qui m’a ramené chez elle», confie-t-il au journal Libération en 1999. C’est dans ce studio parisien que Yann Andréa est mort le 10 juillet dernier à l’âge de 61 ans.
Vidéo de Yann Andréa à propos de Marguerite Duras et l’écriture
Source: Libération
Photo : Hélène Bamberger
