Décès de l’inventeur d’« autofiction », Serge Doubrovsky

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Celui qui s’était placé comme sujet de son œuvre et qu’on appela l’inventeur du mot « autofiction », Serge Doubrovsky, est décédé le 23 mars dernier, à l’âge de 88 ans.

Fils de tailleur, il avait échappé à 15 ans à la déportation avec sa famille, en plein génocide juif. En juillet 1945, il remportait le concours général de philosophie. Fait peu anodin puisque c’est du général de Gaulle lui-même, héros de la terrible guerre, que le jeune lycéen de 17 ans recevra des félicitations.

C’est en 1977, avec la sortie de Fils, que le terme « autofiction » apparaît. L’écrivain croyait que ce serait pour cette seule occasion, mais l’appellation resta, d’abord en France, puis… partout. Le Figaro décrit bien de quoi il était question pour Doubrovsky dans cette aventure du soi : « la matière est entièrement autobiographique, jusqu’aux rêves, mais la manière est romanesque et il s’autorise la condensation, le présent même s’il s’agit d’événements très lointains, et recompose les dialogues. »

Mais l’autofiction, ce don de soi, finit inévitablement par toucher ceux qui nous côtoient et qui ont une histoire commune à la nôtre, parfois jusqu’à les faire souffrir. On dit que Doubrovsky en souffrit aussi. Il fallait pourtant suivre sa voie.

Serge Doubrovsky remporta entre autres distinctions le Prix Médicis pour Le livre brisé (1989). Il était revenu vivre en France il y a dix ans, après cinquante ans dans l’enseignement dans quelques universités américaines.

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