Prix unique du livre: la Wallonie-Bruxelles sur la bonne voie

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Si le prix unique du livre existe en France depuis 1981, il n’a pas rencontré suffisamment de sympathie auprès des autorités du Québec pour être adopté, alors qu’une commission parlementaire sur le sujet a eu cours en 2013. Mais voilà que du côté de la Belgique, le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles vient d’annoncer qu’un avant-projet sur le sujet sera introduit. Une belle victoire pour les indépendants francophones de la Belgique, qui sont notamment aux prises depuis plusieurs années avec la « tabelle », un mécanisme qui avait comme résultat d’augmenter le prix des livres français en Belgique, pourtant pays limitrophes dont les frais de douanes sont levés depuis de nombreuses années, de 10 à 15%.

« Cette décision de la Belgique démontre la pertinence d’une telle législation pour assurer la pérennité du milieu du livre. Elle reconnaît l’importance de régir les pratiques commerciales, même à l’heure de grands changements commerciaux ou technologiques. », commente Dominique Lemieux, directeur de la Coopérative des librairies indépendantes du Québec, association qui compte parmi les défendeurs du projet de loi sur le prix unique du livre lors de la commission parlementaire qui a eu lieu en 2013 au Québec.

Qu’est-ce que le prix unique du livre?
Le concept de prix unique signifie que l’éditeur doit attribué un prix de vente au détail à tous ses livres, et que les détaillants sont tenus de le vendre à ce prix, pour une durée déterminée. Dans le cas de la Fédération Wallonie-Bruxelles, on parle d’une période de deux ans (mais d’une année seulement pour les bandes dessinées) durant laquelle le détaillant (libraire, kiosque à journaux, etc.) ne peut vendre le livre avec un rabais excédent 5%.

À quoi sert le prix unique du livre
L’idée derrière ce concept de prix unique est la même, que ce soit pour la France, le Québec,la Wallonie-Bruxelles ou les douze autres pays ayant une telle politique. En fait, l’objectif est de contrer la concurrence déloyale des grandes surfaces – qui font des rabais allant parfois au-delà de la remise habituelle d’un libraire – face aux librairies. Concrètement, on peut donner l’exemple d’un « Fifty shades of Grey » ou d’un « Harry Potter », vendu à grands rabais en grande surface. Pour le client, oui, le livre peut sembler moins cher. Mais les grandes surfaces ne proposent qu’une infime partie de toute la production littéraire qui existe et aucune commande spéciale n’y est possible. Si le client trouve certes son « Harry Potter » en grande surface, il ne pourra par contre y trouver le nouveau livre de Simon Boulerice, de Karl Ove Knausgård ou d’Éric Plamondon. On oublie également tout ce qui concerne le théâtre, la poésie, les essais plus pointus et pourtant essentiels. Les indépendants protègent la bibliodiversité, les grandes surfaces présélectionnent des best-sellers au détriment de tous les autres ouvrages publiés. Et ne l’oublions pas : acheter, c’est voter.

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