Imaginez sur scène : une grande bibliothèque remplie de livres; vingt-quatre lecteurs qui se succèdent pour lire à voix haute des extraits choisis au hasard parmi les ouvrages disponibles dans le décor. Voilà à quoi vous convie l’événement rassembleur et festif, produit par le Théâtre Blanc et 140, Notre bibliothèque. Cette fête littéraire se déroulera le vendredi 29 et le samedi 30 septembre, en continu de 18 h à minuit au Musée national des beaux-arts du Québec dans la Salle Multi du pavillon central. Pour les spectateurs, il suffit de faire le don d’un livre pour assister à cet événement et ainsi, contribuer à garnir la bibliothèque sur scène.  

Les lecteurs, provenant tous de Québec, découvriront les extraits sur le vif et liront chacun pendant trente minutes, s’adonnant également à de l’improvisation inspirée de leur lecture. Parmi eux, on retrouve des acteurs, des écrivains, des chanteurs et des travailleurs culturels, notamment Catherine Dorion, Bernard Gilbert, Keith Kouna, Jacques Leblanc, Jack Robitaille, Erika Soucy et Paul-Albert Plouffe, libraire à la librairie Pantoute. Deux musiciens, Stéphane Caron et Frédérick Desroches, accompagneront les lecteurs. Les spectateurs pourront circuler à leur guise, entrer et sortir de la salle, puisque cette dernière sera aménagée en formule cabaret. Webster amorcera les festivités à 18 h le vendredi 29 septembre, tandis que le directeur artistique de ce projet éclaté, Christian Lapointe, va clore l’événement à 23 h 30 le samedi 30 septembre.

En plus des dons du public, les livres sur scène proviendront aussi des six bibliothèques libre-service installées dans le quartier Montcalm depuis quelques semaines. Les passants peuvent donc présentement apporter ou récupérer des livres dans les étagères qui se retrouvent au Théâtre Périscope (2, rue Crémazie Est), sur la galerie urbaine de la SDC Montcalm (rue Crémazie Ouest), devant le Parchemin du Roy (1149, av. Cartier), devant Morena (1040, av. Cartier), au C3 Hôtel (170, Grande Allée Ouest) et au 246, rue Aberdeen. Ces étagères seront vidées quelques jours avant l’événement, mais les livres amassés retourneront par la suite dans ces bibliothèques libre-service.

Notre bibliothèque sera également présenté au Théâtre de Quat’Sous à Montréal en janvier 2018 et à Bruxelles, au 140, à l’automne 2018.



Pour en savoir davantage sur ce rendez-vous littéraire qui célèbre de façon inspirante la littérature, Les libraires a posé quelques questions au directeur artistique de Notre bibliothèque et du Théâtre Blanc, le metteur en scène Christian Lapointe.


Comment est né le projet de Notre bibliothèque?
La directrice artistique du 140 à Bruxelles a assisté à l’événement Tout Artaud?! en 2015 au FTA où j’ai donné un show de lecture à vue de près de 70 heures. À la suite de cela elle a voulu qu’on pense à produire quelque chose ensemble. C’est là que j’ai eu l’idée de cet événement qui s’inscrit dans la cité. J’irai donc mettre en place une version belge de Notre bibliothèque : À vos livres! l’automne prochain. 

Quels objectifs poursuivez-vous avec ce projet? 
Je tisse un lien très étroit entre lecture et pensée critique. Il me semble que l’accessibilité à la lecture soit quelque chose d’important. Je perçois aussi un théâtre comme un lieu public qui fait partie de la vie communautaire, comme l’est une piscine ou une bibliothèque municipale par exemple. Créer une bibliothèque de rue dans le quartier d’un théâtre est pour moi l’occasion d’agrandir les ramifications de ce lieu public. Inviter le public à donner un livre (qui servira à nourrir les bibliothèques de rue) comme prix d’entrée, nous éloigne aussi de l’idée d’un rapport marchand à l’art et nous rapproche plus de la participation à la vie d’un quartier.

Votre événement s’appelle Notre bibliothèque et le coût d’entrée est un livre à déposer sur la scène. Le « notre » du titre fait référence à la collectivité, tout autant que le prix d’entrée. En quoi la littérature et la collectivité sont-elles liées? Comment le tout est-il transmis dans Notre bibliothèque?
Il ne faut pas minimiser le pouvoir politique de l’écriture. La plume comme arme peut être redoutable. Il me semble que le pouvoir des mots et notre capacité collective à se réunir autour de ces pouvoirs du langage et de l’écriture aide à la cohésion du tissu social. Comme membre de la société civile nous avons un certain devoir qui je crois est de combler les manques que les pouvoirs publics laissent béants. À faire ensemble de petits gestes, tranquillement nous pourrons modifier notre milieu. Ce sont les gestes, même petits, qui créent le monde de demain.

 

Photo de Christian Lapointe : © Maude Chauvin

Publicité