La maison d’édition française Actes Sud, sise à Arles dans le sud de la France, regorge de titres intéressants. Avec son catalogue de 13 000 titres, elle offre un incroyable éventail d’univers, que vous préfériez la fiction, l’essai, le théâtre ou l’histoire. Le dernier Goncourt a d’ailleurs été attribué à un écrivain de la maison, Éric Vuillard, pour L’Ordre du jour.

Pour souligner le 40e anniversaire des éditions Actes Sud, fondées par Hubert Nyssen, nous avons répertorié dix titres chouchous des libraires.

 

Confiteor
Jaume Cabré

« Dans cette fresque ambitieuse, Jaume Cabré superpose les époques, navigue entre elles, les rend perméables pour y laisser passer plusieurs générations d’une même lignée porteuse de lourds secrets… Et l’on est renversé, envoûté, hypnotisé par cette histoire, comme devant ces images 3D qu’il faut fixer longtemps, qui nous demandent de regarder autrement pour en découvrir toutes les dimensions, toute la profondeur. Un roman époustouflant et résolument humain! »
Anne-Marie Genest, librairie Pantoute (Québec)

Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants
Mathias Énard

« Sous ce fort beau titre emprunté à Kipling (Au hasard de la vie) se déploie l’imagination de Mathias Énard, qui fait vivre à Michel-Ange le choc d’une hypothétique rencontre avec la culture de l’Orient. Loin des interminables sagas historiques, Énard réussit en quelques pages à faire surgir Istanbul, nouvellement conquise par les Ottomans. Les odeurs, la lumière, les couleurs et certains des habitants de celle-ci marqueront durablement le maître italien, comme autant de sources nouvelles pour ses créations futures.

Les jurés du Prix Goncourt des Lycéens 2010 ne se sont pas trompés en accordant leurs lauriers à cet écrivain fort remarqué pour son précédent roman, Zone (Actes Sud/Babel), et qui démontre ici sa polyvalence, aussi à l’aise dans l’expérimentation que dans le récit de forme plus classique. »
Benoit Desmarais, librairie Monet (Montréal)

Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits
Salman Rushdie

« Il est des mystères et des fantaisies façonnés pour éclairer notre contemporanéité qui, trop souvent, en semble dépourvue. Fervent de cette approche, Rushdie mélange et adapte mythes et données historiques pour composer la trame de ce nouveau roman. Ici, on emprunte aux Mille et une nuits, là, aux légendes portant sur les djinns, puis on s’approprie le philosophe Averroès avant d’ajouter une touche de comics à l’américaine. Rien n’est pillé parce que tous les hommages sont dûment rendus et le lecteur plonge avec bonheur dans cette fable qui, entre bien d’autres choses, est une critique virulente de l’intégrisme religieux. Et comme toujours chez Rushdie, c’est brillant, pétillant, bourré d’humour, mais surtout, profondément spirituel. »
Thomas Dupont-Buist, librairie Gallimard (Montréal)

La peau des anges
Michael Katz Krefeld

« Stockholm. Elles sont laissées à la vue de tous, telles des statues grecques morbides. Personne ne sait qui sont ces cinq victimes anonymes, jamais déclarées disparues. De l’autre côté du détroit, à Copenhague, Thomas, inspecteur de police en congé de maladie, traîne une gueule de bois perpétuelle pour essayer d’oublier qu’il existe. Sans l’avoir vraiment décidé, il va se retrouver en quête d’une jeune prostituée disparue, ce qui le mènera probablement vers la Suède. Plongé dans une réalité très sombre mêlée à un récit de tueur en série, ce premier volume est plus que prometteur. Le flic alcoolique a beau constituer un cliché, quand cela fonctionne, que l’histoire est prenante et bien construite et qu’on a envie de le retrouver, on aime! »
Morgane Marvier, librairie Monet (Montréal)

Millénium
Stieg Larsson / David Lagercrantz

« Fascinante trilogie qu’est celle de Stieg Larsson! La beauté de la narration réside dans le dévoilement sporadique des secrets de chacun des personnages. Mis bout à bout, ces éléments du passé renforcent la complexité psychologique des protagonistes. Un résultat mordant. »
Sylvie Blanchette, librairie Vaugeois (Québec)

« Salander, on la connaît. Aussi, quand son ancien tuteur lui révèle des secrets sur son enfance, on soupçonne l’effet que cela pourrait avoir… et on est servi à souhait! » À propos de « Millénium » (t. 5)
André Bernier, librairie L’Option (La Pocatière)

Jérôme par coeur
Thomas Scotto, Olivier Tallec

« Raphaël aime Jérôme, et son sourire « 100% coton ». Il aime parler de lui, à table, tout le temps. Mais le jour où son papa se fâche, Raphaël ne comprend pas : « « Jérôme », c’est pas un mot de travers »…

Un petit format pour cet album à l’immense contenu! Le duo Scotto-Tallec fait des merveilles ici avec une belle histoire d’amour à hauteur d’enfant qui, hélas, dérange les grands.

Le texte, empreint à la fois d’une douceur enfantine et d’une profondeur poétique, aborde le thème de l’homosexualité avec simplicité.

Assurément un bijou de la littérature jeunesse. »
Caroline Billo, librairie Monet (Montréal)

Par-delà les marroniers
Jean-Michel Ribes

« Dans ce cabaret Dada de l’entre-deux-guerres, trois poètes méconnus et aux vies éphémères livrent bataille au réel. Arthur Cravan, boxeur-rimeur, Jacques Vaché, inventeur de l’umour sans h et Jacques Rigaut, raté-étalon apparaissent tour à tour sous les projecteurs, semant leurs extravagants avis sur tout ce qui leur passe par la tête, complétant les propos foutraques les uns des autres sans jamais se rencontrer. Comme dans une grande sauterie, il s’agit de se laisser emporter par le tourbillon de l’excès, de laisser ses rides en friche et d’entrer dans la danse en ne se prenant surtout pas au sérieux. Bien qu’une telle lecture se suffise à elle-même, on ne peut qu’espérer une mise en scène montréalaise de ce texte génial. »
Thomas Dupont-Buist, librairie Gallimard (Montréal)

La table du roi Salomon
Luis Montero Manglano

« J’espère au moins que le voyage aura été divertissant », se tracasse Luis Montero Manglano en postface de son roman. Il peut se rassurer, La table du roi Salomon, mixture d’érudition et d’émerveillement, regorge de plaisirs de toutes sortes avec cette quête archéologique semée de rebondissements et d’intrigues à la Indiana Jones et ces épreuves et ces énigmes dignes d’un Fort Boyard. L’auteur, professeur d’histoire de l’art, souhaitait nous alerter sur cette triste réalité ignorée et choquante de la spoliation légale du patrimoine artistique espagnol aux XIXe et XXe siècle. Il nous offre « une bien meilleure histoire » qu’un ennuyeux essai universitaire avec ce récit d’aventure dans la plus pure des traditions : un ennemi impitoyable, un traître « qui n’est pas celui qu’on croyait être », un jeune novice qui fait l’apprentissage de l’héroïsme et de l’amour. On ne peut que le féliciter. »
Christian Vachon, librairie Pantoute (Québec)

 

Silo
Hugh Howey

« Voilà un roman de science-fiction comme je les aime! On est dans un futur éloigné. La surface de la Terre (en fait, est-ce vraiment la Terre?) n’est plus viable : que vents et poussières. Les gens vivent désormais dans ce qui s’apparente à un énorme silo. Tout le monde doit se conformer aux règles strictes pour empêcher tout soulèvement de la population. S’il y a manquement, c’est un aller simple à l’extérieur pour nettoyer les caméras qui renvoient les images de désolation, et y mourir… Si c’est un peu lent avant qu’on ne s’imprègne de l’ambiance du livre, un coup dans le bain, c’est en affamé qu’on dévore ce roman. »
Shannon Desbiens, librairie Les Bouquinistes (Chicoutimi)

 

L’imposteur
Javier Cercas

« Ce roman en est un déconcertant, vertigineux et fascinant. Dans ce « roman sans fiction », l’auteur y retrace l’histoire d’Enric Marco, un antifranquiste et ancien porte-parole des survivants espagnols de l’Holocauste qui a basé sa vie sur des impostures troublantes, choquantes. Il a vécu une vie d’icône, de saint, jusqu’à ce que la vérité sur sa vie soit révélée. On voit tous les mécanismes de la vie de Marco ainsi que l’enquête que l’auteur a dû mener afin de brosser les multiples facettes de l’imposture. L’auteur construit également une trame narrative où il expose ses propres réflexions sur le mensonge et réussit à faire miroiter les effets de l’imposture sur sa propre vie, la vie de Marco et notre propre existence. Une écriture tout en questionnement porte ce roman complexe où un jeu de mensonges et de vérités nous laisse tenaillés par ce sentiment d’avoir été déroutés par ce roman puissant. »
Victor Caron-Veilleux, librairie Livres en tête (Montmagny)

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