« Le plongeur » sera traduit en anglais

79
Publicité

Le roman Le plongeur de l’auteur Stéphane Larue, édité par Le Quartanier en octobre 2016, a déjà récolté un succès considérable auprès de la critique et du lectorat général. Actuellement il se trouve parmi les cinq finalistes du Prix des libraires du Québec, dont le gagnant sera connu le 8 mai prochain. Nous venons d’apprendre que ce roman sera traduit en anglais et publié par Biblioasis, une des plus importantes maisons d’édition indépendantes au Canada, qui suggère d’autres excellents crus québécois (par exemple, les auteurs Samuel Archibald, Deni Béchard, Catherine Leroux, Larry Tremblay).

Le plongeur est une immersion dans les affres de la dépendance au jeu, en même temps qu’il offre un portrait fascinant des dessous effrénés du monde de la restauration. Pour traduire ce beau pavé de quelques centaines de pages, on a fait appel à Pablo Strauss, celui-là même qui a fait le travail de traduction pour L’année la plus longue de Daniel Grenier qui vient de paraître chez House of Anansi.

Plus qu’un simple travail d’adaptation, la traduction n’est ni plus ni moins qu’une réécriture. Nous avons donc posé deux questions à Pablo Strauss, question de savoir comment il appréhende ce travail colossal de traduction.

Le plongeur est un roman volumineux, vertigineux. Comment un traducteur attrape-t-il cette « bête » pour la traduire? Quelles seront les particularités de ce roman?

Le plongeur est un roman de 569 pages, plus de 135 000 mots. Comment fait-on pour « dompter » une telle œuvre et la traduire? Comme on dirait en anglais : One word at a time.

C’est un roman hyperréaliste où l’auteur peut passer cinquante pages et plus à décrire chaque détail d’un seul quart de travail d’un plongeur au restaurant. Stéphane Larue réussit à trouver une prose qui ne fait pas qu’être description, mais qui recrée le sentiment du milieu survolté de la restauration (et de bien d’autres); il capte l’intensité, la vitesse, le chaos, les frustrations et les triomphes, et comme traducteur je dois tâcher de faire la même chose en anglais.

De plus, on voit à travers les yeux d’un narrateur qui est entre l’adolescence et l’âge adulte : le roman dépeint les hauts et les bas, l’incertitude et la confusion de cet âge où on délaisse nos repères de jeunesse pour découvrir le monde adulte. Une autre force du roman c’est la grande variété de personnages passionnants et convaincants qu’on rencontre.

Ayant eu beaucoup de jobs de plongeur moi-même, je savais que je voulais traduire Le plongeur même avant de l’avoir lu, et ma lecture l’a confirmé. Même si le roman est en quelque sorte une lettre d’amour à Montréal, Le plongeur met en scène des personnages et une intrigue universels, et j’ai confiance que cette histoire va résonner avec les lecteurs anglophones.

Selon vous, quelle est l’importance de rendre disponibles en anglais des ouvrages québécois?

L’importance première de traduire des livres québécois n’a rien à voir avec leur provenance : il faut le faire parce qu’on crée ici des œuvres d’une qualité qui n’a rien à envier aux plus grands écrivains du monde. On assiste à un moment très fertile où les écrivains québécois, en choisissant de décrire avec affection et justesse la spécificité de leurs expériences, arrivent à créer une littérature qui intéresse de plus en plus les lecteurs du monde entier. Comme Serge Bouchard a écrit, « Le local est universel et c’est justement parce qu’une chose est locale qu’elle est universelle. ». *

 

*Bouchard, Serge, « De l’importance d’aimer les autobus ». L’Inconvénient, no 32, p. 110.

En complément : Entrevue avec Stéphane Larue, l’auteur du roman Le plongeur.

Photo : Pablo Srauss, celui qui traduira Le plongeur en anglais.
Crédit photo : Hélène Bouffard

Publicité