Trois jours après la fin des festivités prévues dans le monde, célébrant le livre et le droit d’auteur sous l’impulsion de l’UNESCO depuis 1995, un certain bilan peut déjà être dressé. L’organisation québécoise, composée de dix-huit organismes dont l’Association des libraires du Québec ou encore les Bibliothèques publiques du Québec, et avec comme porte-parole le comédien Patrick Drolet, se félicitait au lendemain du 23 avril des plus de 300 activités gratuites qui ont été organisées dans toute la province, permettant à plus de 200 auteurs d’aller à la rencontre des lecteurs. Nombre d’institutions en lien avec le monde du livre se sont mobilisées à cette occasion : librairies, bibliothèques, écoles, maisons d’édition, associations… Toutes ont proposé des activités innovantes et originales pour placer cette journée sous l’égide de la lecture et de la découverte artistique.

Le communiqué de presse de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur souligne également les actions menées en amont du 23 avril, telles les 1001 raisons de choisir un livre : des visuels viraux qui vantaient en une courte phrase les mérites et les bienfaits d’avoir un bouquin entre les mains.

Cette journée a également été l’occasion d’actions éducatives puisque des auteurs et des illustrateurs sont intervenus dans des écoles afin de montrer l’étendue du travail créatif, sa complexité et surtout la nécessité de sa protection et de sa valorisation. Le communiqué susmentionné précise que les artistes mobilisés durant cette journée ont été rémunérés, à leur juste valeur, mais dans d’autres épicentres culturels où le 23 avril était célébré, une certaine grogne enflait. En effet, notamment en France, la critique de la gestion des rémunérations des intervenants se propageait, avec en tête de file le mot-dièse #PayeTonAuteur comme relais de ce mécontentement. En cause, la proposition de l’UNESCO de payer les fournitures nécessaires aux activités et non les créateurs intervenants, les gratifiant en « visibilité ». Cette pratique, qui touche malheureusement les différents artistes, qu’ils soient musiciens, graphistes, écrivains, illustrateurs, ne date pas d’hier et de plus en plus, les contestations prennent de l’ampleur; déjà au dernier Salon du livre de Paris, en mars, le mot-dièse était relayé et, pour certains, l’événement était boycotté.

À une époque où il est peu aisé de vivre de sa plume, de son coup de crayon ou de son imagination, le fait qu’une instance telle que l’UNESCO puisse banaliser la rémunération à grands renforts d’excuses de la visibilité pose un gros problème. Il y a quelques jours, l’Union des écrivaines et écrivains québécois (UNEQ) publiait sur son site un mémoire sur l’examen de la loi sur le droit d’auteur, en attirant l’attention sur le fait que les créateurs canadiens « gagnent 27% moins de leur travail littéraire qu’en 1998 ». L’UNEQ suggère moult recommandations pour améliorer la loi et permettre une plus juste rétribution des artistes, en tenant compte des évolutions technologiques et l’utilisation par les instances éducatives des œuvres soumises au droit d’auteur. Qu’ils participent à une manifestation dans le cadre de leur profession ou que leurs créations soient employées, à n’importe quel titre, les artistes doivent être payés, car la crainte que la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur ne soit plus un jour de fête mais un jour de commémoration réside chez certains.

Pour aller plus loin, vous pouvez consulter le mémoire de l’UNEQ.

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